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DE L'EXTRÊMORDINAIRE
Par Olivier Deck Le 14/08/2024
11 août 2024 Capbreton
Attendre le départ. Regarder encore les cartes. Lire. Rêver le voyage.
Dans son livre BW, Lydie Salvayre évoque le voyage conçu comme un tauromachie. C'est ainsi, en effet. Encore une fois, je pars pour me frotter à l'inconnu au-dedans, pour risquer ma peau actuelle, pour mourir à moi-même et renaître au plus près de ce que je suis, de ce que je crois être, de ce que je deviens. Pour muer à l'intérieur. Chaque voyage est l'occasion d'une métamorphose de soi en soi. Avant de partir, je relis les propos de Jankélévitch sur l'aventure. Celle qu'il nomme l'aventure aventureuse, par opposition à l'aventure aventurière. Il n'est pas d'aventure véritable que celle qui engage la vie, met en danger, et point de danger véritable autre que le danger de mort. La Poésie, c'est descendre dans l'arène de l'existence sans aucune autre raison que de se frotter au réel tel qu'il est. Non dans ses extrêmes extraordinaires mais dans son extrême ordinaire, que le poème métamorphose. L'extrêmordinaire. Un appareil photo, une plume, une guitare à la main, être capable de considérer ce qui advient comme un défi, un enjeu à la vie à la mort. Allez jusqu'au bout. Sans idée de gagner ni de perdre.
&
Je pars pour prendre un temps d'avance. Pour aller au-devant de ce qui adviendra. On pourra m'accuser de chipoter, advient ce qui advient, certes, qu'on le devance ou non. Oui et non. Je choisis de partir pour me jeter encore et encore dans l'aventure du chemin, changer les données de la normalité. Certes, je ne brave pas d'autre danger que le danger métaphorique, si l'on excepte les dangers de la route, le risque d'être occis pour un oui ou pour un non au détour de la rue par un malfaisant, de manger une tortilla toxique préparée avec des oeufs importés de la région de Zaporijia, une ensaladilla rusa concoctée par un cuistot russe du SVR qui m'aurait pris pour un espion allemand à cause de mon teint teuton exacerbé par le soleil andalou et de mon Leica made in Germany, de contracter une maladie échappée de la pisse du pangolin ou d'un laboratoire chinois de recherche médicale, on n'est plus sûr de rien, en ce monde civilisé. Cela ne date pas d'aujourd'hui, je me souviens, lorsque j'étais enfant, de ces longues files de gens qui attendaient - c'était du côté de Valencia - pour être vaccinés contre le choléra dont une épidémie se propageait en Espagne. Bref, sauf accident de parcours, je ne vais pas au-devant du danger habituel dont l'aventurier fait sa publicité. Foin de tigre du Bengale, de sommet à 8000 ou de tempête en mer... Ici, le danger est intérieur. Le toro est métaphorique. Je prends la route pour écrire une chanson de geste sans savoir de quoi sera fait le voyage. Je vais au-devant de ce qui voudra bien croiser ma route. Comme Don Quichotte va au-devant des péripéties. Je ne laisse pas venir, je ne reste pas chez moi, bien installé dans le fauteuil des habitudes, les pieds glissés dans les rassurantes pantoufles du décor familier, entouré par mes livres, mes casseroles et mes guitares. Je pars. Parce qu'il y a péril en la demeure, voilà qui n'est pas nouveau, certes, mais toujours valable. La même Lydie Salvayre, dans le même livre qui traite des voyages de BW, cite la "manie ambulatoire" signalée dans les manuels de psychiatrie. Sans doute suis-je atteint, comme le chevalier à la triste figure, du mal ambulatoire. Le syndrome du partir. Le mouvement est à la fois mon symptôme et ma potion, la distance mon saignement et mon traitement au long cours.
à suivre...
©Olivier Deck
APPEL : Mmes et MM. galeriste, éditeur, directeur de centre culturel ou artistique, amateur d'art, organisateur, programmateur, collectionneur, chroniqueur, journaliste... si vous êtes intéressés pour soutenir ce projet, aider à sa production, sa publication, son exposition, sa présentation en public (exposition, publication, récital, lecture, chanson, projection, conférence...) n'hésitez pas à prendre contact par messagerie.
Poétique du prosaïque et vice versa
Par Olivier Deck Le 13/08/2024
Avant de prendre le départ, je voudrais apporter quelques imprécisions supplémentaires à propos de l'emploi, qui pourrait sembler intempestif, que je fais des mots "poésie", "poème", "poète"... Se dire poète n'a rien d'outrecuidant, sauf à considérer la poésie comme un domaine réservé à une caste dont on serait en droit de se demander qui décide qu'untel en est et tel autre non. J'entends d'ici grincer les dents des grincheux. Qu'elles grincent, elles finiront par s'éroder. Se dire poète relève d'une affirmation, celle d'une exigence personnelle, celle d'un engagement qui se donne pour moyen la pratique de l'Art. Aussi, pour que ce soit clair entre nous et que celles et ceux à qui cela ne conviendrait pas ne perdent pas davantage leur temps à éplucher le présent carnet, je précise que la Poésie est ici considérée dans son acception la plus ample, la plus généreuse, la plus ouverte, la plus libre. La Poésie, le lecteur et la lectrice l'entendront donc plus largement qu'en sa seule expression écrite, qui s'est accaparé l'appellation, l'a embourgeoisée. La Poésie s'offre à tout un chacun, libre à tout un chacun d'en disposer à sa guise et selon son génie. Le temps disposera de l'oeuvre. On ne peut attendre sa sanction pour se mettre à l'oeuvre.
&
Vivre poétiquement sa vie relève d'un choix personnel, qui va à l'encontre de la tendance dominante actuelle, irriguée par les principes marchands (qualité, réussite, efficacité, nouveauté - et son corollaire l'obsolescence - , mode, prix...) Dans la vie poétique, l'acte gratuit prime. L'efficacité importe peu. La victoire pas davantage. L'inutile et l'utile s'épousent. La fragilité est précieuse. L'erreur admise et nécessaire. Don Quichotte de la Manche n'emporte pas un seul de ses combats, il n'en a pas moins acquis ses lettres de noblesse et reste en selle depuis bientôt un demi-millénaire !
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Je m'efforcerai de mettre en application la leçon de Don Quichotte, pour qui le poétique ne se distingue pas du prosaïque. Les moulins sont des géants. Le laboureur est un écuyer. La paysanne est une princesse. L'aubergiste est un chevalier... Il indique que le poétique ne va pas de la chose à l'âme, mais de l'âme à la chose (j'aurai peut-être l'occasion plus tard d'élucubrer à propos de l'âme). Qui n'a pas l'âme disponible au souffle poétique ne saurait reconnaître la poésie en quelque sujet que ce soit - un visage, un paysage, un objet... Le poétique est un souffle, une tendance naturelle, innée, qui s'affine et se renforce dans le temps. Comme la capacité de courir de 100 mètres, de devenir un scientifique, un littéraire, un peintre, un musicien, un médecin... Le poétique émane d'une sensibilité qui dans le temps s'affine. Tout au long d'une vie poétique, c'est à dire vécue selon les principes de la Poésie. L'émotion, la beauté, la profondeur restent parmi les plus précieux de ces principes. L'art est une question de sentiment, de résonance avec le Tout. Une question d'Amour, considéré comme une modalité de la force universelle qui meut se monde, et prend un tour particulier en chaque coeur humain. C'est ainsi que je l'entends et le pratique.
à suivre...
©Olivier Deck
APPEL : Mmes et MM. galeriste, éditeur, directeur de centre culturel ou artistique, amateur d'art, organisateur, programmateur, collectionneur, chroniqueur, journaliste... si vous êtes intéressés pour soutenir ce projet, aider à sa production, sa publication, son exposition, sa présentation en public (exposition, publication, récital, lecture, chanson, projection, conférence...) n'hésitez pas à prendre contact par messagerie.
DÉFINITION INDÉFINIE DÉFINITIVE
Par Olivier Deck Le 12/08/2024
ADAGP©OlivierDeck
Du voyage comme pré-texte. Prétexte d'une geste, soit. Souvent, avant d'aborder un nouvel exercice existentiel, je commence par revenir au dictionnaire.
Geste : Ensemble de poèmes en vers du Moyen Âge, narrant les hauts faits de héros ou de personnages illustres.
Voyons comme adapter cette définition classique au présent exercice.
Ensemble de poèmes en vers...
Ce sera une ensemble de poèmes, si l'on veut bien considérer ici la forme poétique comme désincarcérée. Pour ce qui est de la rime, elle sera parfois présente dans les chansons, mais pour le reste la narration ne s'encombrera pas de prosodie.
... du Moyen Âge...
De l'époque actuelle, je dirais plus volontiers qu'elle est un Âge Moyen. Très moyen. Passons.
... narrant des hauts faits ...
Là, pas sûr (rire). La réalité du voyage appelle à l'humilité. De hauts faits il ne sera pas forcément question. Je fais avec les faits qui se présentent. Ce qui est là. Le presque rien. Ce qui advient, même l'ennui, espace fondamental de la rêverie, siège de la création poétique. Aucun exploit en prévision, sauf imprévu. Je ne vais pas à la rencontre du Yéti, ni à la recherche de l'Arche perdue, ni du Graal. Je dirais que ce voyage sera intraordinaire, cherchant l'extra dans l'ordinaire.
... de héros ou de personnages illustres...
N'exagérons rien. Là encore, je ferai ce que je pourrai comme je le pourrai.
à suivre...
©Olivier Deck
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AZIMUT AZIMUTÉ...
Par Olivier Deck Le 11/08/2024
8 août 2008 Capbreton
AZIMUT AZIMUTÉ
ET AUTRES IMPRÉCISIONS IMPORTANTES
Avant de sortir de chez moi, donquichottisme oblige, je me suis efforcé de perdre la raison. Devenir fou, comme l'Hidalgo. Ce projet est déraisonnable, il échappe à tous les genres, toutes les modes, tous les systèmes. Don Quichotte est libre. Il va où l'intuition le mène. Comme lui, je veux être capable de voir des géants, des moulins, des chevaliers, des princesses et des brigands. Je ne suis point armé d'une lance et d'une épée, ni flanqué d'une armure, ni coiffé d'un plat à barbe, mais c'est dans cet accoutrement qu'il conviendra de m'imaginer, s'il vous plaît. Photographiant, écrivant, dessinant, chantant, ici, là et ailleurs.
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Il est absolument impérieux que je m'égare, que je me trompe, que je me fourvoie sur des sentiers scabreux, que je bute sur des impasses, que j'emprunte des voies sans issue, que je suive des routes sans nom sur le gps de ma voiture - les fameuses "unamed road" chères à Junjing Lee, qui souvent traversent des contrées qu'on n'est pas près d'oublier. Je ferai exactement comme bon me semble, volant d'une branche à l'autre à ma guise, pour un usage du monde au moyen et au service de la Poésie.
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Une seule chose est sûre, je m'en vais une nouvelle fois en Espagne. Courir le monde ne m'intéresse plus beaucoup. Là-bas se trouve mon Cipango, mon finis terrae, mon ultima thule, mon walhala, mon pétaouchnock, mon quinto coño. Où? L'Andalousie, l'Estrémadure, la Castille, bien entendu la Manche et pourquoi pas l'Aragon... toutes les Espagnes où mille fois je me suis senti pousser des ailes et où j'ai laissé des plumes. Je ne sais pas exactement. J'irai au jugé, sans chercher à suivre l'itinéraire du Quichotte de Cervantès, celui de la véridique histoire (cf ch.I ) si l'on peut dire, sans m'empêcher non plus de le croiser à l'occasion. Il ne s'agit pas d'élaborer un guide touristique, de suivre un circuit défini par avance. Le Don Quichotte sur les traces de qui je me lance erre au-dedans, chevalier intérieur toujours en quête d'aventure. La Poésie est l'azimut azimuté, le but inaccessible, la force motrice, le véhicule, le sujet, l'objet, le Tout et le Rien.
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Ce voyage sera donc, envers et contre tout, un geste de Liberté. Je n'ai ni blason, ni écusson, ni devise, ni drapeau, et si j'en avais un, il serait blanc, comme un étendard de Paix. Et si j'avais une devise, ce serait En avant ! Ou bien, Adelante ! Aban! comme disait ce béarnais de chevalier de Phébus, à qui Cervantès semble faire allusion (cf ch.I), en tant qu'admirable chevalier, dans son premier chapitre. Ah j'oubliais, dans ma besace j'emporte bien entendu deux exemplaires du Quichotte, histoire de mettre en abîme mon propre voyage. L'un dans la langue d'origine, l'autre dans la traduction d'Aline Schulman, que l'on ne saurait trop conseiller à qui voudrait se lancer dans la lecture.
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Cette fois, on a ses petites habitudes, j'ai punaisé au mur du couloir qui mène à ma chambre deux cartes. L'une d'Andalousie, et l'autre du centre de l'Espagne. J'irai dans ces parages. Je ne veux pas en savoir davantage. Je laisserai mon cheval marcher au gré de sa fantaisie, ce qui me semble le plus sûr moyen d'aller au-devant des aventures (cf ch.II) J'emporte un livre à spirale des cartes d'Espagne, sur lequel je tracerai l'itinéraire suivie. Au retour de cette première sortie, je reporterai le parcours sur la carte murale. En outre, je tiendrai un journal de bord, lequel doit être considéré comme lancé par ces mots. Je le partagerai ici et je souhaite qu'un beau jour il fera l'objet d'un livre. À bon entendeur.
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Encore une chose, qui différenciera ce périple du précédent. Dans mon arsenal, j'emporte ordinateur et disque dur, de quoi développer mes images en chemin. J'essaierai d'en publier une chaque soir. Si je parviens à en faire une par jour qui soit présentable. Et je partagerai mes dessins, mes notes, mes collages. Nous verrons bien. Ya veremos.
©Olivier Deck
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PRÉAMBULE. Des hauts faits d'âmes.
Par Olivier Deck Le 08/08/2024
Mardi 19 septembre 2023 Capbreton
DES HAUTS FAITS D'ÂME
"Le poète peut chanter ou conter les choses, non comme elles ont été, mais comme elles auraient dû être..."
Cervantès in Don Quijote de la Mancha.
Il y a plusieurs années, de nombreuses, très nombreuses années, sans doute depuis que j'ai emprunté la voie des arts, à l'adolescence, que je sais avoir rendez-vous avec Lui. L'ingénieux hidalgo, le Chevalier à la triste figure. À mon regard, parfait symbole du poète errant, il n'est pas le dernier à manifester son goût pour la poésie, au long de ses aventures. Poétiser signifie : "faire". Ce à quoi il veut croire, il l'invente. Ce qu'il veut vivre, il le suscite. Ce qu'il veut affronter, il se l'impose. Ce qu'il considère comme mauvais, il le combat. Quelle différence avec tout ce que j'ai connu en cette vie? Quelle différence avec la poésie vécue, concept si cher à Holderlin ou Rilke?
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Tout ou presque de ce nouveau voyage sera im-prévu, comme le fameux roman de chevalerie lui-même. Il consistera en des "sorties" pour aller au-devant d'aventures que je rencontrerai en chemin, au gré de mon imagination, de mes humeurs, de mes désirs. Don Quichotte est le grand défenseur de la liberté d'être et de penser, de raisonner et de déraisonner. Liberté d'âme, liberté de corps.
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Si j'ai choisi d'errer, de divaguer, jusqu'à en faire un mode de vie, c'est pour cette sensation unique de liberté que cela me procure. Alors, fort de sa leçon, le héros fait de moi un héraut. Un humble chantre d'une existence bohémienne, vouée à la Poésie, c'est à dire à l'Art, à la Beauté, à l'Émotion, au service de l'énergie primordiale d'où Tout procède, où Tout revient toujours pour l'éternel recommencement du même changé en autre que lui : l'Amour. D'Amour, je parlerai, bien entendu. Point d'aventure chevaleresque sans lui. Il ne sera même question que de cela, puisque l'Amour est justement l'expression sublime de la force primordiale de ce monde, celle qui pousse en avant, qui crée, qui protège.
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Je m'engage ici avec les seules armes du poète. Il ne s'agit pas de faire couler le vrai sang, quoique encore une fois je me saignerai aux quatre veines pour mener à bien cette aventure. Encore une fois j'y mettrai tout mon courage, toutes mes forces, et mes pauvres maravédis, plus trébuchants que sonnants. Et toujours, dans mon bissac, un Leica, une guitare, un carnet, une guitare. Don Quichotte, dans le chapitre XVI de la deuxième partie, moque Sancho en lui disant qu'il est de ceux qui, aux arènes, préfèrent voir le toro du haut de la galerie. Vivre poétiquement, même si le danger n'est pas physique - encore que, le corps y laisse du sien - c'est descendre dans l'arène de la vie. C'est se battre. Livrer un combat créateur au moyen de l'action poétique. En moi, l'Ingénieux hidalgo a troqué son épée, sa lance, contre les attributs de l'artiste. Je me prends pour lui, direz-vous, et vous aurez raison, c'est précisément le sens de ce nouveau voyage. Après tout, serait-ce usurper quoique ce soit? Un auteur (Cervantès en témoignerait), ne saurait souhaiter plus beau legs qu'une kyrielle d'identifications à son héros. Celui-ci s'offre à tous. Le personnage est si ouvert, si universel, que chacun peut se retrouver en lui. Ce que je fais ici. Poète erratique, bien avant d'avoir entendu parler du Quichotte, je ne suis que plus conscient du sens mon chemin depuis que j'ai croisé le sien dans les livres. Ce voyage est un tribut que je lui dois, un geste de reconnaissance. Un adieu, peut-être.
&
à suivre...
NOTE : Galeriste, éditeur, directeur de centre culturel ou artistique, amateur d'art, organisateur, programmateur, collectionneur... si vous êtes intéressés pour soutenir ce projet, aider à sa production, sa publication, son exposition, sa présentation en public (récital, lecture, chanson, projection, conférence...) n'hésitez pas à prendre contact avec moi.
Vivre poétiquement sa vie
Par Olivier Deck Le 26/01/2024
Vivre poétiquement sa vie, tel que nous y invitent Hölderlin (habiter poétiquement le monde), Rilke (l'impérieuse nécessité poétique) ou plus près de nous Edgard Morin, c'est vivre créativement en toute circonstance, en toute situation, concrète ou abstraite, pratique ou intellectuelle. Disons, du mieux que l'on peut. Il convient de rester humble devant pareil enjeu. Là se pose la question de la connaissance et du choix guidés par la connaissance. Connaissance de quoi? Connaissance de soi, avant tout. Connaissance de soi comme particule d'un Tout. De la vie individuelle à la vie de famille, sociale, professionnelle. De la solitude à l'amitié, des activités élevées aux plus prosaïques. Pas un domaine n'échappe au bénéfice de la connaissance. De la nature, des mondes connus et des mondes inconnus. Connaissance de soi, soit, mais à quelle fin? peut-on se demander. A quoi bon cette connaissance? La réponse n'est pas nouvelle, elle est simple. Aller vers la connaissance de soi est le moyen de se donner une chance de vivre plus librement. Là encore, le plus librement possible. De délier en soi les entraves qui empêchent la réalisation de l'être. D'être soi en meilleure connaissance de l'espace, des conditions de sa propre liberté. Vivre au plus près de soi, en tant que soi, et non en tant qu'un autre. Échapper autant que possible aux conditionnements, aux injonctions, aux influences extérieures qui ne poussent pas dans le sens de la juste nature de l'être.
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Pour prendre un exemple personnel, et sans le poser comme une généralité, je crois - disons qu'il me semble le comprendre aujourd'hui -, que dès mon plus jeune âge - avant dix ans - je sentais une énergie particulière qui cherchait à se frayer un passage au fond de moi. Bien entendu, aucune pensée ne venait associer des idées capables d'expliquer, ou d'éclairer un tant soit peu, ce qui ressortissait à l'impression, de l'émotion, de l'intuition, de l'élan naturel. Ce que depuis je nomme "l'intuition de soi". Cette intuition poétique que j'ai cherché à canaliser, à diriger dans le sens de la construction, sans aucune volonté particulière de ma part. Comme l'eau suit la pente. Cette force intime, mystérieuse, insue, m'a poussé vers une vie de créateur pluridisciplinaire, protéïforme - écrivain, photographe, peintre, chanteur... à la fois comme si je me cherchais (ce que pensaient les autres à mon endroit ) et comme si tout s'exprimait à la fois parce que la force était elle-même multiple, et poursuivait un même destin. J'étais ainsi, non conforme à la norme. Dans ma classe, de l'école primaire au lycée, j'ai toujours été le seul à vouloir vivre en artiste. L'artiste, hors de la norme (sauf à céder à d'autres sirènes) s'avère difficilement lisible par autrui, puisque nous vivons dans un société qui estime l'individu au regard d'une grille de lecture. Un artiste, au fond, ce n'est pas rassurant. On le classe souvent parmi les rêveurs, une manière de le caser quelque part, on sait bien qu'un jour ou l'autre il entrera dans les rangs. Or cette intuition provenait d'une énergie plus profonde, Une et primordiale celle-là. L'énergie fondamentale qu'évoque un Spinoza. Le Chi, le Tao, ki, qi, pranâ, libido... nommons-la comme on voudra... Comme le feu, dont elle est une manifestation première, elle peut éclairer, réchauffer, rassurer, faire rêver ou brûler, aveugler, détruire... Qu'on ne se méprenne pas, il ne s'agit pas d'une illustration visant à dire la dualité des choses de ce monde. Le feu est Un. Contre la foudre ou l'incendie, nous ne pouvons rien. Mais éclairer un livre ou mettre le feu à la maison avec une même chandelle, cela relève de notre choix, de notre responsabilité. De notre adresse ou maladresse, aussi... La voie de création de moi-même que j'ai choisie - à moins que je n'y fusse déterminé - est la voie créative elle-même. Il en est d'autres, chacun peut approfondir pour soi le sens d'une éthique personnelle, d'une esthétique, d'un exigence, dans quelque domaine que ce soit.
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C'est donc intuitivement, que je me suis lancé sur la voie poétique. Un chemin pavé de réussites et de défaites, de rire et de larmes, dans l'acquisition constante de la connaissance pratique, autodidacte, enrichie et vivifiée par les rencontres, les lectures, la pensée, l'analyse permanente de l'expérience... j'ai progressivement mis des mots sur ce qui m'animait, des mots pour dire cette approche poétique de l'existence, des mots pour évoquer le souffle qui pousse les voiles du monde, pour le meilleur et pour le pire. La créativité, soit l'énergie de création, l'énergie du "faire", s'exprime en toute chose et s'offre à tous les destins. Depuis le big bang, l'Univers se fait lui-même, sans relâche il advient. Il est le devenir de l'énergie primitive, fondamentale. Energie dont nous sommes une "forme" que les conflits intérieurs entrave ou influence dans le sens du chaos, de la destruction. La destruction de soi, c'est la destruction du monde. Et si nous avons le culot de nous aventurer dans les ombres de l'être, ce n'est que pour tenter d'y voir un peu plus clair, d'apaiser les conflits, d'oeuvrer pour la clarté. L'amour et la haine ne s'opposent pas, ils sont pris dans un cycle d'engendrement mutuel qui demande d'être compris, à tout le moins senti, pour que sa dynamique serve la vie. La psychanalyse m'a permis d'explorer plus profondément la nuit de mon âme. Et de faire venir à ma conscience les mots pour dire les Exprimer un affect, c'est comme faire apparaître une image. Dès lors qu'un élément vient à la conscience, et à la dynamique de l'esprit, il offre un abord, un côte, un accès. Et l'être devient un peu plus capable non seulement d'apaiser les conflits qui le déchirent, mais aussi d'employer à des fins plus heureuse la force dont il dispose. Celle de la Nature. Et tout cela passe par les mots. La parole...
Pour en savoir plus sur mon approche psychanalytique, rendez-vous sur www.psyka.net
SUR LE VIDE (extraits)
Par Olivier Deck Le 06/06/2023
notes du 6 juin 2023
Photographier, c'est écrire, c'est dessiner, c'est peindre. Alors je m'interroge sur ce que j'écris, ce que je dessine, ce que je peins.
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Aujourd'hui je me pose la question du vide. J'aime les photographies qui laissent du vide, de l'espace, de la respiration. Mais quelle est la nature, le sens de ce vide? Qu'est-ce que le vide photographique?
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Je considère ici comme "vide" une surface de l'image sans détail, sans ligne, sans figuration, sans rien qui accroche le regard, autre qu'une surface noire, blanche, grise, rouge, bleue, jaune... dans tous les cas : une surface unie.
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Comme mes images ne vont jamais jusqu'au blanc pur, "cramé" dirait le photographe, et qu'elles ont toujours un peu de matière, un peu de grain qui suggère le fourmillement atomistique de l'univers auquel j'appartiens, mes vides ne sont donc jamais vides. Ils ne sont vides que dans le sens où ils ne représentent rien d'autre que rien. Et rien n'est pas rien, si l'on veut faire un trait d'esprit un peu oriental. Rien c'est la lumière vierge. L'ombre vierge. Le rien contient. L'ombre recèle toujours sa vérité. La lumière aussi.
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Il y a le vide dépouillé, radical, choisi. Le vide de l'épure, de la simplicité. Le vide qui va droit au non-but. Le vide dans l'idée chinoise du mot, si tant est que l'on puisse commenter le sens de mots venus d'une langue aussi éloigné du français. Je ne fais que reprendre ici ce qu'expriment d'autres avis, plus autorisés que le mien en la matière. Je m'arrange. J'oriente le sens à ma faveur. Tout en me gardant de faire du bouddhisme de boutiquier, du zen dézenné (comme il y a le café décaféiné).
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J'aime le vide pour l'espace qu'il laisse à la pensée. A l'imaginaire. Devant une photographie qui s'ouvre largement au vide, je suis plus libre. Mon esprit est plus libre d'aller à sa guise, avec le moins d'injonctions possibles. Il peut divaguer. Le vide est le chemin de mille chemins.
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J'aime aussi le vide pour la valeur esthétique que je lui accorde. C'est à dire l'effet qu'il produit sur moi. Pour le calme qu'il représente et, partant, procure.
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L'enjeu du vide. Oser le vide, c'est aller au bord des possibilités de l'image. Se pencher au-dessus du rien. Eprouver l'inquiétude de l'absence. L'absence de forme. L'absence de repères. Dans le même temps, le vide rassure et inquiète. La représentation rassure. Pourtant le vide est une représentation. Une représentation du vide. Mais il pousse la pensée à l'erreur. Penser le vide donne le vertige.
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à suivre...
L'ATELIER PHOTOPOÉTIQUE, COACHING EN PRÉSENCE OU EN LIGNE
SUR L'ENNUi
Par Olivier Deck Le 24/05/2023
L’ennui, je l’accueille comme il vient, quand il vient. Il toque à la porte? J’ouvre. Je l’invite à s’installer. Je prends un carnet de notes, une guitare, un livre, j’écoute une musique, je laisse aller librement les pensées devant un paysage, au pied d’un arbre, au volant d’une voiture, à l’ombre d’une terrasse, au fond d’un bistrot… Si l’ennui est intense, massif, alors rien. Je lui laisse toute la place. L’ennui, et c’est tout.
La Moncloa
Par Olivier Deck Le 12/05/2023
à Bernard Manciet
Par Olivier Deck Le 06/05/2023
à BERNARD MANCIET
pour les cent ans de sa naissance (1923-2023)
Pendant les dernières années de sa vie, je rendais visite à Bernard Manciet, le mardi après-midi. Nous avions fait connaissance grâce à la poésie.
Il était une fois dans le sud.
Par Olivier Deck Le 25/04/2023
CARNET DE ROUTE (2023)
J’ai quitté Jerez de la Frontera pour rejoindre Cordoue en passant par les itinéraires dérobés. Grimper dans la Sierra de Margarita, puis descendre vers Morón. Au-delà, rejoindre Osuna mais en prenant au sud-est, par Navarredonda, longeant la Sierra de San Juan. Paysage d’arbres inquiets, de chemins terreux. Pourquoi ce détour? Je ne sais pas. Je réponds à mon intuition. C’est elle la capitaine, elle qui mène le voyage.
Le cheval du ravin de Viznar
Par Olivier Deck Le 17/10/2022
CARNET DE ROUTE (2022)
Almendralejo. Sud de l’Extremadura. Avant l’aube, je prends la route. Cette fois j’ai décidé d’entrer en Andalousie au nord-ouest, par Cabeza del Buey, pour descende jusqu’à Grenade en suivant une diagonale au petit bonheur, privilégiant les routes dérobées. D’un train de sénateur.