Articles de olivierdeck
Un voyage andalou.01.I.24
découvrir l'album de photographie en noir et blanc
Premier janvier. De Málaga, traversée de la Sierra de la nieves, serranía de Ronda, sierra de Grazalema. Quitter le rivage de la Méditerranée signifiait commencer la dernière remontée vers le nord. La roche des vieilles sierras porte le gris doux de la nostalgie. De très anciens souvenirs affleurent. Cette rencontre avec Antonio Ordóñez, en compagnie de Mateo, pour un projet d'exposition qui n'eut jamais lieu. Enfin si... comme nous avions décliné la proposition d'accrocher nos peintures sur les murs d'un restaurant qui nous semblaient inopportuns, nous organisâmes le vernissage de nos tableaux dans la minuscule pension où nous créchions, dont le nom m'échappe aujourd'hui. Ah si, je me souviens! Pensión de la Santísima Virgen de Lurdes. Le maestro, qui m'avait à la bonne depuis que je lui avais offert un portrait (de lui) à l'aquarelle, à l'occasion d'une rencontre à Orthez, pensait bien faire en proposant le lieu le plus couru de Ronda, juste à la sortie des arènes (c'était à l'occasion d'un "seul contre six" de Paco Ojeda ) mais lorsqu'on est un génie de l'art de Cúchares, on ne l'est pas forcément dans celui d'organiser une exposition. Sa logique n'était pas la nôtre, et nous n'avions pas la même notion de l'évidence. L'adorable vieille bigote qui tenait le galetas nous permit de sauver l'honneur à nos propres yeux, et ce fut l'occasion pour la Sainte Vierge de notre Sud-Ouest d'opérer un petit miracle loin de ses bases.
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La nuit est fraîche, dans la sierra. Et comme nous sommes le premier jour de l'année, toutes les tavernes sont fermées. Alors j'ai marché longtemps, à brasser les idées et les émotions, dans les rues ennuitées du village où j'ai choisi de faire halte.
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Départ sous le ciel de nouveau bleu, pour rejoindre l'est de la province de Séville, où je veux passer une dernière fois pour revoir le paysage et tenter encore le diable des images. La sierra m'abandonne aux vallons peuplés de chênes qui donnent au coin un air de Pays-basque, puis les vallons me laissent glisser jusqu'à la plaine en mosaïque de champs céréaliers. Les uns noirs. D'autres beige portant des traces plus sombres, comme passés au chalumeau. D'autres encore vert tendre du blé et de l'orge en pousse. Le printemps semble avoir quatre mois d'avance. Les oliveraies sont posées sur un tapis de bouton d'or et la moutarde des champs fait une haie d'honneur sur les talus.
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Au loin, dans la brume laiteuse, j'aperçois la silhouette de la tour de l'exposition universelle. Séville. Ce voyage a commencé ici, il y a quatre ans. J'ai parcouru la ville de jour et de nuit, sans savoir alors que les images composerait l'album "Séville, aparté", qui paraîtra plus tard dans le livre sur Rafael Riqueni*. Sans savoir que j'allais rencontrer et côtoyer pendant un an le maestro de la guitare flamenca, et bien plus que flamenca. Sans savoir que le voyage enfanterait de ce projet de livre dont j'achève ici l'aventure photographique, après quatre années de divagation, vingt séjours, plus de 30000 kilomètres de routes et de chemins, et plus d'un millier à pied. Je reviens à Séville pour un dernier salut. Un dernier qui ne sera pas le dernier. Je le sais. Je le souhaite. Je l'espère. Comme on dit ici, quand on propose de prendre la dernière tournée qui ne sera jamais la dernière : la penúltima. L'avant-dernière. La dernière, c'est quant on va mourir. Et encore, qui sait? Alors ce dernier voyage, disons que c'est l'avant-dernier. Sitôt le sac et la guitare déposés dans la chambre que je loue dans le quartier du Musée de Beaux-Arts, je plonge dans les rues, comme dans les eaux familières d'une vieille rivière. Et je me laisse aller jusqu'à la nuit, dans le centre où remuent mille langues dans la bouche de la foule. Séville est un bouillon, un feu vif, un tumulte, un flot de parfums, d'illusions, de déceptions, d'inspiration... on dit que l'âme de la ville s'est perdue dans la course au profit, étouffée par la pollution touristique, les conséquences de sa propre vanité. Et pourtant, sous le masque de la caricature d'elle-même qui attire les visiteurs du monde entier, comme un piège lumineux attire les mouches et les moustiques, sous les oripeaux de l'espagnolade, Séville est toujours Séville, même si on ne la voit plus en tant qu'elle-même, même si le barbero est devenu le hairdresser, même s'il faut la deviner, écouter son murmure au creux des heures, au coin de la lumière, au souffle de la nuit. Le psalmodie du duende dans les effluves du jasmin que décembre n'aura pas fané. Le tintement d'une cloche d'église... Je me dis qu'après avoir renoncé au voyage à l'étranger, il faudrait peut-être renoncer à mon éternel voyage en Andalousie, pour ne pas participer au massacre. Or l'Espagne n'est pas l'étranger pour moi, mais la patrie du coeur, devenue une province de ma terre natale, tant de fois j'y suis né, et mort pour y renaître. Peut-être que je ne fais là que me donner un bon prétexte pour m'absoudre. Il n'est pas impossible qu'un jour, je me contente de voyager dans les contrées intérieures. La plus belle des Andalousies est celle du dedans. Du dedans de soi. Celle que j'invente depuis un demi-siècle. Pour l'heure, partagé entre le plaisir et le doute, je finis ma déambulation au comptoir d'une taverne qui est pour moi le centre du monde, et dont je préfère taire le nom pour que personne ne vienne m'y retrouver. Que chacun découvre sa taverne au centre du monde...
* Rafael Riqueni, Une guitare de cristal, Éditions Contrejour
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à suivre...
Un voyage andalou. 31.XII
(les images d'illustrations sont réalisés au téléphone, en chemin. Pour découvrir l'album en noir et blanc, c'est ici)
Du centre de l'Andalousie à Málaga. Je reprends les voies dérobées, par la sierra subbética. Un chemin de terre d'une vingtaine de kilomètres me mène vers le sud. Aujourd'hui le ciel est bleu, immaculé, rayé ici et là par des avions à réaction. Au loin, d'autres montagnes bleues, disparaissant dans les dégradés de bleus. J'aperçois la capuche blanche de la Sierra Nevada. Paysage grandiose. Je tente encore quelques images des oliveraies étendues sur les pentes, qui structurent l'espace de leur patchwork à rayures.
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Progressivement, le sentiment du paysage change. J'entre dans la montagne entre Grenade et Malaga. Celle où jadis se réfugièrent tous les parias, les indésirables du royaume chrétien unifié en 1492. Musulmans, juifs, gitans, nègres, hors-la-loi... Les uns menacés pour leur croyance, les autres pour leur statut, leur origine, leurs moeurs, leur différence, leurs exactions... Ainsi se sont formées les bandes de brigands qui détroussaient les convois et fascinaient nos écrivains voyageurs. Les Monfies, tout d'abord, puis les bandoleros qui animent les belles pages de la légende folklorique et sont passés du statut d'indésirable à celui d'élément de communication. Au bord de la route, à l'entrée d'un ancien relais, une plaque de céramique rappelle qu'ici, en 1850, un groupe d'une douzaine d'hommes a violemment attaqué un convoi postal transportant une précieuse cargaison de la chancellerie de Grenade jusqu'à Málaga. Juste à côté, une ardoise vente le vermouth maison et la viande à la braise...
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Bientôt, je reconnais les couleurs et la qualité de roche grise, élégante, de la vieille montagne de Ronda, pourtant encore éloignée vers l'ouest. Et plein sud, une traînée de nuées blanches annonce sans doute la mer. Traversant Benamargosa, je pense à la fantaisie éponyme de Rafael Riqueni. Les souvenirs affluent. Tout se mélange. Les rendez-vous avec le guitariste, il y a deux ans, dans les festivals flamencos. L'émotion incomparable de sa musique, de ses mélodies, du son de la guitare sous ses doigts... Sur le flanc des reliefs, les oliviers cèdent la place aux avocatiers et aux manguiers. Changement de décor, comme au théâtre. Le soleil flanche. J'ai garé la voiture pour marcher jusqu'à la mer. Une flaque d'huile bleue. Quelques mouettes chamailleuses.
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Le soleil glisse doucement vers l'horizon, dans une hémorragie de jus d'orange sanguine. Un cargo quitte le port de Malaga et gagne le large lentement. Ajoutant un rien de nostalgie à cette heure qui n'en manque pas. Lorsque je repartirai d'ici, dans deux ou trois jours, ce sera pour remonter une dernière fois vers la France. Retour au bercail. L'année 2024 sera consacrée à l'élaboration du livre de mon voyage. Et sans doute à d'autres aventures.
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Le soir, je rejoins des bandoleros d'une autre sorte. Comme une pause dans la solitude du voyage, pour manger les diuze grains de raisins du 31 à minuit. L., uruguayenne critique littéraire, venue en Andalousie pour un festival de théâtre, jamais repartie. S., guitariste et chanteur Basque de Guernika exilé en Normandie, de passage ici pour les fêtes de fin d'année. J.C., pur malagueño, photographe et musicien, qui débarque avec une tortilla, du jambon, un pack de coca-cola et ses harmonicas... Je suis épuisé par la route, mais la soirée sera longue, à chanter Boris Vian, Brassens, Le livre de la jungle, Joaquín Sabina et quelques unes de mes chansons emportées dans le tourbillon du partage et des improvisations. Nous préparons le concert de la nochevieja. Dernière nuit de l'année. Demain. Déjà.
à suivre...
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Un voyage andalou. 28.XII
(les images d'illustration sont réalisées en chemin, avec mon téléphone)
28.XII.23
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Aujourd'hui, le paysage s'est dérobé. Une longue journée de routes rapiécées, de chemins, de lacets... dans un paysage mité par les constructions, les lignes électriques, les éoliennes ou les panneaux solaires, attributs dévastateurs d'une écologie foulant au pied la beauté des lieux. J'ai insisté, tourné, viré, fait marche arrière, rien à faire. Ici et là, une situation intéressante, la fuite d'un chemin, une lumière sur un flanc de montagne, mais rien que je n'aie déjà photographié, peu ou prou.
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L'Andalousie que je parcours s'invente au fil du voyage. Je ne cherche pas à en dire autre chose que ce qu'elle réverbère de sa présence en moi, qui n'est en soi qu'une réverbération de sentiments, de mouvements enfouis dans le tréfonds de l'âme, tenus au secret et que je cherche à révéler. Révéler, terme qui ressortit à la photographie comme à l'expérience spirituelle, celle-là étant le moyen de celle-ci.
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Pourquoi photographier toujours de la même manière la fuite d'un chemin, un olivier vénérable, une rue, une tasse de café sur la table d'un bistrot... ? Je cherche à créer un archétype. Un olivier qui dise les 17 millions d'oliviers andalous. Un chemin clair qui dise tous les chemins invitant au voyage intérieur. Une rue de village qui disent le coeur de tous les villages... On pourrait croire que je fais toujours la même image. C'est vrai sans être vrai. Je cherche l'image qui sera la dernière et la seule de toutes celles qui lui ressemblent, sur un même motif, dans une même situation.
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La photographie poétique est un jeu de reflets. Une recherche d'images qui donne à voir des sentiments. Un questionnement du réel, de l'extérieur, qui réponde à des injonctions intérieures. Lorsque je photographie un paysage, j'en fais le portrait. Lorsque je photographie un être, j'en fais le paysage. Les mille chemins de la photographie mènent à la même image, au-dedans. Et toute la vie du photographe est une quête vers l'image unique, ultime, définitive. Sans doute qu'elle est une limite, un horizon que l'on n'atteint jamais mais qui attire vers lui. Sans doute que le jour où j'aurai la sensation de m'être approché au plus près de cette image unique, primordiale, l'image de l'être que je suis, je poserai mon appareil photo. Sans doute que je continuerai à chercher autrement l'en-deçà de l'image. Ce qui en moi précède l'image. Les mots. La musique. La pensée elle-même. Ce qui est au commencement. Le souffle. L'énergie de vie pure et simple. Eduardo Chillida dit qu'il faut chercher à regarder pour apprendre à voir. Alors, je verrai bien...
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29.XII.23
J'avais décidé de ne pas bouger pour écrire et songer à la suite du voyage. Comme un navigateur sort son sextant, son compas, sa carte pour faire le point. Hier, j'ai déclenché mon appareil photo moins d'une dizaine de fois. Au lieu de cinquante, cent, cent-cinquante... impression d'avoir pressé le citron jusqu'à l'écorce, jusqu'à la dernière goutte de jus. Mais dès l'aube, j'ai vu le ciel magnifiquement voilé, et une surprenante lumière à la fois transparente et voilée. Alors j'ai pris la route, vers le nord-est cette fois, entre la province de Cordoue et celle de Jaen. Et toute la journée, ce fut un émerveillement. Tout ce que je voyais me semblait de nouveau à photographier.
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Jusqu'au soir, j'ai exploré les routes perdues sur lesquelles je ne me perds jamais, pour tenter de dire encore une fois ce que j'ai dit mille fois, mais le dire mieux, plus profondément, plus justement. De voyage en voyage, d'exploration en exploration, j'ai développé une intuition particulière, qui doit puiser à l'instinct lui-même, et qui me guide, m'oriente, me pousse dans une direction ou une autre. Intuition du paysage. Intuition du visible. Intuition de la lumière. Sentir l'ombre et la clarté. Disparaître à soi-même pour se donner à la distance, à l'espace et au temps. Pour faire avec ce qui est là. Là où je suis. Tout semblait fini, mais il fallait sortir, tenter encore, rassembler mon courage et aller au-devant des possibilités. Au-devant des images à créer. Puisant à la lumière.
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à suivre
Un voyage andalou. 27.XII
(à noter : les images qui illustrent ce texte sont des notes en chemin prises avec un téléphone)
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27-XII-23
Premier jour du vingtième et dernier chapitre de mon voyage andalou, commencé il y a bientôt quatre années. Quelle étrange traversée de l'Espagne, hier, intégralement noyée dans le brouillard et couverte de givre.
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Étape à Almendralejo, comme lors du tout premier périple, dans cet hôtel de bord de route, accroché à une station service, qui doit l'essentiel de son charme à l'habitude que j'ai prise d'y passer la première nuit de mes périples, quand je me dirige vers le centre ou l'ouest de l'Andalousie. Je pense à la Magdalena, la chanson de Sabina... si alguna noche por la carretera, que te conté, detrás de una gasolinera donde llené... jambon, ensaladilla rusa, vin rouge de la tierra, gin tonic... c'est parti.
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J'ai photographié l'essentiel du territoire andalou, comme le montre la carte qu'à chaque occasion je recouvre de traits, tissant une impressionnante toile d'araignée sur l'ensemble des huit provinces. La sensation que le projet s'achève monte inexorablement. Il y a un mois, alors que j'arpentais la province d'Alméria, je commençais à sentir poindre cette évidence, qui ne doit rien à la lassitude. Je fomente déjà un prochain projet espagnol. Pour l'heure, je viens tenter une dernière fois la lumière andalouse, fidèle à ce conseil que me donnais Klavdij Sluban, il y a dix ans : "Quand tu es sûr et certain que c'est fini, que tu as fait la dernière image, retournes-y encore une fois et tu feras celle qui manquait, peut-être la meilleure." J'ai pu vérifier combien cette injonction est pertinente. Alors, je reviens.
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Arpenter des espaces déjà parcourus en long et en large, en m'attachant à prendre des routes différentes. Ne pas revenir sur mes propres traces. Me garder des redites. Cette fois, la donne est un peu différente. Et puis, on ne repasse jamais deux fois par la même lumière. Du sud de l'Extrémadure jusqu'au-delà de Pozoblanco (toujours cette pointe d'émotion, à Pozoblanco, comme à Linares...), les paysages sont embrumés. Un visage de l'Andalousie inhabituel. Que le duende est facétieux! À jouer avec les perspectives et les contrastes. Ou peut-être qu'il est généreux, qu'il s'est dit que pour la dernière fois, il allait faire un tour de passe-passe à sa façon.
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Pour traverser en diagonale la province de Cordoue, je m'attache comme toujours à emprunter des petites routes incertaines, dont bon nombre ne figurent pas de la même façon sur la carte ou sur le gps, qui affiche parfois un écran blanc et l'indication : "route inconnue". Le goudron rapiécé laisse la place à une surface cabossée de terre et de cailloux, abondamment trouée de nids de poule. Toujours ce sentiment d'aller au coeur du monde, qui m'intéresse plus que le bout du monde. Tout autour, les champs récoltés étalent leur patchwork. Les reliefs tracent des lignes sensuelles, féminines. Je pense à des corps de femmes allongées, des odalisques-paysages. Parfois, l'émotion serre ma poitrine. La beauté des choses. La poésie brute du dehors. Être artiste, c'est toujours s'entretenir avec la beauté. Y puiser, la réinventer sans rien inventer de plus beau, Le soleil traverse les voiles bleus, devenus plus translucides dans l'après-midi. Après plusieurs kilomètres d'ornière, je tombe sur une chaîne qui m'empêche d'aller plus loin. Marche arrière sur plusieurs centaines de mètres. Demi-tour. Adelante!
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à suivre...
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L'Orient andalou...
L'ORIENT ANDALOU, avant-après
CARRETERA Y LEICA
Avant-dernier chapitre d'un voyage commencé en 2020. Cette fois, il s'agissait de parcourir l'Orient andalou. Par les routes et les chemins, parfois des passages absent du GPS et des cartes...
Province de Jaén, est de Granada, et enfin la province d'Almería, des déserts à la mer. La huitième et dernière province que j'ai parcourue dans le détail, à l'estime, toujours sans le moindre guide autre que l'intuition.
Pour les chiffres : 13 jours, 4200 kilomètres par les routes, environ 100km à pied sur les chemins et dans les rues.
Je repartirai en fin d'année pour un dernier périple, les derniers détails, aller dans les recoins encore inexplorés des provinces de Séville, Cordoue et Málaga... à suivre.
***
Bientôt...
CAMPAGNE de FINANCEMENT PARTICIPATIF (crowfunding)
Le livre ANDALUZ, conçu ad libitum au fil des huit provinces andalouses depuis 2020, sera publié fin 2024 aux Éditions Contrejour.
Un très beau volume en noir et blanc, accompagné d'un texte de ma plume. Cette publication ambitieuse sera aidée par une campagne de financement participatif, afin de permettre une qualité d'impression et de façonnage du plus haut niveau.
Si l'aventure vous intéresse et que vous souhaitez en être, je vous invite à me laisser votre adresse de courriel, afin de vous solliciter, le moment venu.
Comptant sur votre soutien, je vous dis à bientôt.
Qu'on se le dise et partage!
HIDALGO SANS TERRE, mais en ligne!
Avec André Velter, Énergie noire
Ma rencontre avec le poète André Velter, à Québec au début de l'année 2008, a sur le champ été marquée au fer de l'Amitié, et de la Poésie vécue. Quelques semaines après, je l'invitais à partager la scène du festival Jazz naturel, à Orthez et nous faisions notre première chanson-poésie, Océan d'orage. C'était parti!
Dès lors, nous n'avons eu de cesse de créer et de temps en temps, nous montons sur les planches pour un récital au long cours, lu (par André), chanté (par moi), tous deux convaincus que la poésie, lorsqu'elle s'acoquine avec la chanson française, renoue avec ses propres racines et se projette vers l'avenir.
J'ignore combien de chansons j'ai composées au long de ces quinze années. Une quarantaine sans doute. Certaines sont déjà oubliées, ou quasi. D'autres mûrissent à l'ombre de ma guitare. D'autres sont créées, modifiées ou attendent de l'être. Barbara disait qu'un chanson n'est jamais achevée. Le propre de la poésie vécue, c'est bien d'être vivante! Les premières relevaient à leur façon une sorte de défi. Je parcourais les recueils d'André, et j'en retenais des poèmes qui n'avaient en rien été destinés à la chanson. Au fil du temps, il a écrit des textes davantage orientés vers la mise en mélodie, et je le houspille même parfois pour qu'il me confie des poèmes rimés. En bref, tous les coups sont permis, dès lors qu'ils sont poétiques.
En 2015, nous enregistrions un premier ensemble, dans le fabuleux studio La Buissonne, à Pernes-les-fontaines. "Paseo Grande" fleurait l'Espagne, la silhouette du Quichotte se détachait sur les crêtes, et les embruns de la Méditerrannée se mêlaient à ceux de la mer de Chine, eux-mêmes portant les poussières de l'Himalaya et de l'Inde... André voyage et fait voyager. Le livre-cd, après longtemps d'attente, verra bientôt le jour dans un projet plus vaste, puisque nous avons décidé d'enregistrer un nouvel opus de chansons-poésies, "Énergie noire".
Cette fois, nous sommes trois. André, votre serviteur, et Laurent Decavèle, à la prise de son et à la guitare basse acoustique. Nous avons mis le pied à l'étrier en ce mois de septembre, et si tout se passe comme prévu, nous achèverons l'enregistrement en 2023, pour envisager ensuite une parution.
A suivre, donc...
ci-dessous, quelques images de la première séance de travail. Dans un lieu de Provence dont j'ai oublié le nom...
Avec André Velter, Énergie noire
Ma rencontre avec le poète André Velter, à Québec au début de l'année 2008, a sur le champ été marquée au fer de l'Amitié, et de la Poésie vécue. Quelques semaines après, je l'invitais à partager la scène du festival Jazz naturel, à Orthez et nous faisions notre première chanson-poésie, Océan d'orage. C'était parti!
Dès lors, nous n'avons eu de cesse de créer et de temps en temps, nous montons sur les planches pour un récital au long cours, lu (par André), chanté (par moi), tous deux convaincus que la poésie, lorsqu'elle s'acoquine avec la chanson française, renoue avec ses propres racines et se projette vers l'avenir.
J'ignore combien de chansons j'ai composées au long de ces quinze années. Une quarantaine sans doute. Certaines sont déjà oubliées, ou quasi. D'autres mûrissent à l'ombre de ma guitare. D'autres sont créées, modifiées ou attendent de l'être. Barbara disait qu'un chanson n'est jamais achevée. Le propre de la poésie vécue, c'est bien d'être vivante! Les premières relevaient à leur façon une sorte de défi. Je parcourais les recueils d'André, et j'en retenais des poèmes qui n'avaient en rien été destinés à la chanson. Au fil du temps, il a écrit des textes davantage orientés vers la mise en mélodie, et je le houspille même parfois pour qu'il me confie des poèmes rimés. En bref, tous les coups sont permis, dès lors qu'ils sont poétiques.
En 2015, nous enregistrions un premier ensemble, dans le fabuleux studio La Buissonne, à Pernes-les-fontaines. "Paseo Grande" fleurait l'Espagne, la silhouette du Quichotte se détachait sur les crêtes, et les embruns de la Méditerrannée se mêlaient à ceux de la mer de Chine, eux-mêmes portant les poussières de l'Himalaya et de l'Inde... André voyage et fait voyager. Le livre-cd, après longtemps d'attente, verra bientôt le jour dans un projet plus vaste, puisque nous avons décidé d'enregistrer un nouvel opus de chansons-poésies, "Énergie noire".
Cette fois, nous sommes trois. André, votre serviteur, et Laurent Decavèle, à la prise de son et à la guitare basse acoustique. Nous avons mis le pied à l'étrier en ce mois de septembre, et si tout se passe comme prévu, nous achèverons l'enregistrement en 2023, pour envisager ensuite une parution.
A suivre, donc...
Ci-dessous, quelques images de la première séance de travail, pour établir une base sonore.
à suivre...
ci-dessous, quelques images de la première séance de travail, dans un lieu de Provence dont j'ai oublié le nom...
SUR LE VIDE (extraits)
notes du 6 juin 2023
Photographier, c'est écrire, c'est dessiner, c'est peindre. Alors je m'interroge sur ce que j'écris, ce que je dessine, ce que je peins.
&
Aujourd'hui je me pose la question du vide. J'aime les photographies qui laissent du vide, de l'espace, de la respiration. Mais quelle est la nature, le sens de ce vide? Qu'est-ce que le vide photographique?
&
Je considère ici comme "vide" une surface de l'image sans détail, sans ligne, sans figuration, sans rien qui accroche le regard, autre qu'une surface noire, blanche, grise, rouge, bleue, jaune... dans tous les cas : une surface unie.
&
Comme mes images ne vont jamais jusqu'au blanc pur, "cramé" dirait le photographe, et qu'elles ont toujours un peu de matière, un peu de grain qui suggère le fourmillement atomistique de l'univers auquel j'appartiens, mes vides ne sont donc jamais vides. Ils ne sont vides que dans le sens où ils ne représentent rien d'autre que rien. Et rien n'est pas rien, si l'on veut faire un trait d'esprit un peu oriental. Rien c'est la lumière vierge. L'ombre vierge. Le rien contient. L'ombre recèle toujours sa vérité. La lumière aussi.
&
Il y a le vide dépouillé, radical, choisi. Le vide de l'épure, de la simplicité. Le vide qui va droit au non-but. Le vide dans l'idée chinoise du mot, si tant est que l'on puisse commenter le sens de mots venus d'une langue aussi éloigné du français. Je ne fais que reprendre ici ce qu'expriment d'autres avis, plus autorisés que le mien en la matière. Je m'arrange. J'oriente le sens à ma faveur. Tout en me gardant de faire du bouddhisme de boutiquier, du zen dézenné (comme il y a le café décaféiné).
&
J'aime le vide pour l'espace qu'il laisse à la pensée. A l'imaginaire. Devant une photographie qui s'ouvre largement au vide, je suis plus libre. Mon esprit est plus libre d'aller à sa guise, avec le moins d'injonctions possibles. Il peut divaguer. Le vide est le chemin de mille chemins.
&
J'aime aussi le vide pour la valeur esthétique que je lui accorde. C'est à dire l'effet qu'il produit sur moi. Pour le calme qu'il représente et, partant, procure.
&
L'enjeu du vide. Oser le vide, c'est aller au bord des possibilités de l'image. Se pencher au-dessus du rien. Eprouver l'inquiétude de l'absence. L'absence de forme. L'absence de repères. Dans le même temps, le vide rassure et inquiète. La représentation rassure. Pourtant le vide est une représentation. Une représentation du vide. Mais il pousse la pensée à l'erreur. Penser le vide donne le vertige.
&
à suivre...
L'ATELIER PHOTOPOÉTIQUE, COACHING EN PRÉSENCE OU EN LIGNE
SUR L'ENNUi
L’ennui, je l’accueille comme il vient, quand il vient. Il toque à la porte? J’ouvre. Je l’invite à s’installer. Je prends un carnet de notes, une guitare, un livre, j’écoute une musique, je laisse aller librement les pensées devant un paysage, au pied d’un arbre, au volant d’une voiture, à l’ombre d’une terrasse, au fond d’un bistrot… Si l’ennui est intense, massif, alors rien. Je lui laisse toute la place. L’ennui, et c’est tout.
à Bernard Manciet
à BERNARD MANCIET
pour les cent ans de sa naissance (1923-2023)
Pendant les dernières années de sa vie, je rendais visite à Bernard Manciet, le mardi après-midi. Nous avions fait connaissance grâce à la poésie.