Un voyage andalou. 31.XII

Olivier Deck Par Le 31/12/2023 0

Dans UN VOYAGE ANDALOU (en cours)

(les images d'illustrations sont réalisés au téléphone, en chemin. Pour découvrir l'album en noir et blanc, c'est ici)

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Du centre de l'Andalousie à Málaga. Je reprends les voies dérobées, par la sierra subbética. Un chemin de terre d'une vingtaine de kilomètres me mène vers le sud. Aujourd'hui le ciel est bleu, immaculé, rayé ici et là par des avions à réaction. Au loin, d'autres montagnes bleues, disparaissant dans les dégradés de bleus. J'aperçois la  capuche blanche de la Sierra Nevada. Paysage grandiose. Je tente encore quelques images des oliveraies étendues sur les pentes, qui structurent l'espace de leur patchwork à rayures. 

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Progressivement, le sentiment du paysage change. J'entre dans la montagne entre Grenade et Malaga. Celle où jadis se réfugièrent tous les parias, les indésirables du royaume chrétien unifié en 1492. Musulmans, juifs, gitans, nègres, hors-la-loi... Les uns menacés pour leur croyance, les autres pour leur statut, leur origine, leurs moeurs, leur différence, leurs exactions... Ainsi se sont formées les bandes de brigands qui détroussaient les convois et fascinaient nos écrivains voyageurs. Les Monfies, tout d'abord, puis les bandoleros qui animent les belles pages de la légende folklorique et sont passés du statut d'indésirable à celui d'élément de communication. Au bord de la route, à l'entrée d'un ancien relais, une plaque de céramique rappelle qu'ici, en 1850, un groupe d'une douzaine d'hommes a violemment attaqué un convoi postal transportant une précieuse cargaison de la chancellerie de Grenade jusqu'à Málaga. Juste à côté, une ardoise vente le vermouth maison et la viande à la braise...

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Bientôt, je reconnais les couleurs et la qualité de roche grise, élégante, de la vieille montagne de Ronda, pourtant encore éloignée vers l'ouest. Et plein sud, une traînée de nuées blanches annonce sans doute la mer. Traversant Benamargosa, je pense à la fantaisie éponyme de Rafael Riqueni. Les souvenirs affluent. Tout se mélange. Les rendez-vous avec le guitariste, il y a deux ans, dans les festivals flamencos. L'émotion incomparable de sa musique, de ses mélodies, du son de la guitare sous ses doigts... Sur le flanc des reliefs, les oliviers cèdent la place aux avocatiers et aux manguiers. Changement de décor, comme au théâtre. Le soleil flanche. J'ai garé la voiture pour marcher jusqu'à la mer. Une flaque d'huile bleue. Quelques mouettes chamailleuses.

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Le soleil glisse doucement vers l'horizon, dans une hémorragie de jus d'orange sanguine. Un cargo quitte le port de Malaga et gagne le large lentement. Ajoutant un rien de nostalgie à cette heure qui n'en manque pas. Lorsque je repartirai d'ici, dans deux ou trois jours, ce sera pour remonter une dernière fois vers la France. Retour au bercail. L'année 2024 sera consacrée à l'élaboration du livre de mon voyage. Et sans doute à d'autres aventures.

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Le soir, je rejoins des bandoleros d'une autre sorte. Comme une pause dans la solitude du voyage, pour manger les diuze grains de raisins du 31 à minuit. L., uruguayenne critique littéraire, venue  en Andalousie pour un festival de théâtre, jamais repartie. S., guitariste et chanteur Basque de Guernika exilé en Normandie, de passage ici pour les fêtes de fin d'année. J.C., pur malagueño, photographe et musicien, qui débarque avec une tortilla, du jambon, un pack de coca-cola et ses harmonicas... Je suis épuisé par la route, mais la soirée sera longue, à chanter Boris Vian, Brassens, Le livre de la jungle, Joaquín Sabina et quelques unes de mes chansons emportées dans le tourbillon du partage et des improvisations. Nous préparons le concert de la nochevieja. Dernière nuit de l'année. Demain. Déjà.

note 20

à suivre...

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