Un voyage andalou. 28.XII

Olivier Deck Par Le 30/12/2023 0

Dans UN VOYAGE ANDALOU (en cours)

(les images d'illustration sont réalisées en chemin, avec mon téléphone)

note 8

28.XII.23

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Aujourd'hui, le paysage s'est dérobé. Une longue journée de routes rapiécées, de chemins, de lacets... dans un paysage mité par les constructions, les lignes électriques, les éoliennes ou les panneaux solaires, attributs dévastateurs d'une écologie foulant au pied la beauté des lieux. J'ai insisté, tourné, viré, fait marche arrière, rien à faire. Ici et là, une situation intéressante, la fuite d'un chemin, une lumière sur un flanc de montagne, mais rien que je n'aie déjà photographié, peu ou prou.

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L'Andalousie que je parcours s'invente au fil du voyage. Je ne cherche pas à en dire autre chose que ce qu'elle réverbère de sa présence en moi, qui n'est en soi qu'une réverbération de sentiments, de mouvements enfouis dans le tréfonds de l'âme, tenus au secret et que je cherche à révéler. Révéler, terme qui ressortit à la photographie comme à l'expérience spirituelle, celle-là étant le moyen de celle-ci. 

note 10

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Pourquoi photographier toujours de la même manière la fuite d'un chemin, un olivier vénérable, une rue, une tasse de café sur la table d'un bistrot... ? Je cherche à créer un archétype. Un olivier qui dise les 17 millions d'oliviers andalous. Un chemin clair qui dise tous les chemins invitant au voyage intérieur. Une rue de village qui disent le coeur de tous les villages... On pourrait croire que je fais toujours la même image. C'est vrai sans être vrai. Je cherche l'image qui sera la dernière et la seule de toutes celles qui lui ressemblent, sur un même motif, dans une même situation.

note 11

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La photographie poétique est un jeu de reflets. Une recherche d'images qui donne à voir des sentiments. Un questionnement du réel, de l'extérieur, qui réponde à des injonctions intérieures. Lorsque je photographie un paysage, j'en fais le portrait. Lorsque je photographie un être, j'en fais le paysage. Les mille chemins de la photographie mènent à la même image, au-dedans. Et toute la vie du photographe est une quête vers l'image unique, ultime, définitive. Sans doute qu'elle est une limite, un horizon que l'on n'atteint jamais mais qui attire vers lui. Sans doute que le jour où j'aurai la sensation de m'être approché au plus près de cette image unique, primordiale, l'image de l'être que je suis, je poserai mon appareil photo. Sans doute que je continuerai à chercher autrement l'en-deçà de l'image. Ce qui en moi précède l'image. Les mots. La musique. La pensée elle-même. Ce qui est au commencement. Le souffle. L'énergie de vie pure et simple. Eduardo Chillida dit qu'il faut chercher à regarder pour apprendre à voir. Alors, je verrai bien...

note 12

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29.XII.23

J'avais décidé de ne pas bouger pour écrire et songer à la suite du voyage. Comme un navigateur sort son sextant, son compas, sa carte pour faire le point. Hier, j'ai déclenché mon appareil photo moins d'une dizaine de fois. Au lieu de cinquante, cent, cent-cinquante... impression d'avoir pressé le citron jusqu'à l'écorce, jusqu'à la dernière goutte de jus. Mais dès l'aube, j'ai vu le ciel magnifiquement voilé, et une surprenante lumière à la fois transparente et voilée. Alors j'ai pris la route, vers le nord-est cette fois, entre la province de Cordoue et celle de Jaen. Et toute la journée, ce fut un émerveillement. Tout ce que je voyais me semblait de nouveau à photographier. 

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Jusqu'au soir, j'ai exploré les routes perdues sur lesquelles je ne me perds jamais, pour tenter de dire encore une fois ce que j'ai dit mille fois, mais le dire mieux, plus profondément, plus justement. De voyage en voyage, d'exploration en exploration, j'ai développé une intuition particulière, qui doit puiser à l'instinct lui-même, et qui me guide, m'oriente, me pousse dans une direction ou une autre. Intuition du paysage. Intuition du visible. Intuition de la lumière. Sentir l'ombre et la clarté. Disparaître à soi-même pour se donner à la distance, à l'espace et au temps. Pour faire avec ce qui est là. Là où je suis. Tout semblait fini, mais il fallait sortir, tenter encore, rassembler mon courage et aller au-devant des possibilités. Au-devant des images à créer. Puisant à la lumière.

note 14

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à suivre

 
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