L'Andalousie dont je te parle n'existe pas. Elle est ce quelque part en moi qui m'est terre chérie et toujours inconnue. Espace intime et mystérieux, beau et fantasque, trouvant sa réverbération dans la lumière andalouse. La vraie. Celle, puissante et capricieuse, qui déverse ses ombres et sa clarté au sud de la Sierra Morena, jusqu'à la mer.
L'Andalousie dont je te parle, je l'invente, je la tisse, je la dessine, je la renouvelle, je la découvre, je l'écris de voyage en voyage, avec pour seule guide l'intuition, avec pour seul feu le désir.
L'Andalousie dont je te parle est multiple, étrange, drôle, immémoriale et présente à la fois. J'y suis mort mille fois, et rené mille et une. Ainsi est-elle devenue contrée de ma terre natale, au tréfonds de mon âme.
L'Andalousie dont je te parle est l'inconnu de moi. La part fragile et indestructible. J'y ressens plus qu'ailleurs la proximité du centre de l'être. Et lorsque j'en reviens, c'est à moi que je reviens. Un autre moi, plus moi que moi, encore.
L'Andalousie dont je te parle n'existe pas. Je la sens, je la cherche, je l'imagine de lumière en lumière, de nuit en nuit, d'heure en heure. Je la révèle à moi-même, d'image en image.