C’est lors du Festival Arte Flamenco de Mont-de-Marsan 2021 qu’Olivier Deck a rencontré Rafael Riqueni. Une amitié complice n’a pas tardé à naître, et le photographe, qui est aussi écrivain, a proposé au musicien ce projet de « portrait sensible », images et textes, qui évoque les moments simples et intimes de la vie, la préparation d’un récital dans les loges, une improvisation entre amis, quelques pas dans la rue… Les deux artistes se sont retrouvés plusieurs fois en Andalousie, à l’occasion de récitals ou pour un moment de conversation amicale. Commencé dans les Landes, le voyage continue donc sur les bords du Guadalquivir où le photographe a aussi créé un album sur Séville, principale source d’inspiration du guitariste. Basés sur des conversations et des recherches, les textes évoquent librement la vie et l’oeuvre de Rafael Riqueni. Ce travail, rassemblé dans un livre, fera l’objet d’une exposition au Centre d’Art Contemporain de Mont-de-Marsan, lors du festival 2022 où Rafael Riqueni sera l’invité d’honneur. L’exposition voyagera ensuite de festival en festival (Nîmes, Perpignan…)
Quelques mots sur Rafael Riqueni.
Enfant prodige, Rafael Riqueni a vu le jour en 1962 dans le très flamenco quartier Triana, à Séville. Il commence à étudier la guitare à l’âge de huit ans. A douze il monte sur scène. A quatorze il reçoit les deux plus prestigieux prix de guitare d’Espagne. Le prix Ramón Montoya de guitare de concert de Cordoue, et le prix des Rencontres de Jerez de la Frontera. Sous les conseils de Paco de Lucía, puis de Manolo Sanlúcar, il élabore son propre style, empreint de toute l’histoire de la guitare flamenca, ainsi que d’influences classiques, baroques et jazz. Une grave maladie et les accidents de la vie l’écartent d’un chemin qui semblait tout tracé. Après avoir enregistré une demi-douzaine d’opus qui marquent l’histoire discographique de la guitare flamenca, il disparaît pendant vingt ans et cesse de jouer. Au début des années 2010, un jeune réalisateur de documentaires, Paco Bech, tombe sur un travail inachevé ayant pour thème le Parc de Maria Luisa, lieu des souvenirs d’enfance et d’adolescence du musicien. Paco va rencontrer Rafael à Madrid et lui propose d’achever une création qu’il pressentait majeure. Il devient le manager exclusif du musicien, l’aide à trouver un médecin capable de le remettre sur pied et, après une longue éclipse, Rafael achève l’enregistrement. Aussitôt qualifié de chef d’oeuvre. La carrière du musicien est relancée. En tant que compositeur, il est aujourd’hui considéré en Espagne à la hauteur d’un Isaac Albéniz. Et le seul guitariste flamenco dont la presse spécialisé ose dire, à propos de certaines de ces oeuvres : « Ça, même Paco… » (de Lucía ndla). En novembre 2021, Rafael Riqueni s’est produit seul sur scène lors du Festival de jazz de Barcelone, et la critique unanime a qualifié sa prestation de « concert du siècle ». Une grâce que n’aurait atteinte que Sabicas et Paco de Lucía dans sa jeunesse…